Toujours dans son livre, ainsi que dans plusieurs des articles de recherche sur les troubles de l'activation mastocytaire qu'il a publiés, Dr. Afrin explique que de nombreux patients atteints de SAMA tendent presque invariablement à identifier un événement spécifique de leur vie (accident, traumatisme, infection virale, immunisation, etc.) où, tout à coup, leur état de santé a complètement basculé! Avant, ils se décrivaient souvent comme ayant une santé normale, ou bien même être en pleine forme! Puis, suite à cet événement, la fatigue et plusieurs autres malaises se sont installés soit de façon fulgurante, ou bien graduelle (avec parfois des périodes de rémission). Par contre, ce qu'il remarque, c'est qu'en creusant plus profondément dans leur historique médical, la plupart de ces patients souffraient souvent de certains petits troubles de santé suggérant l’implication d’un dysfonctionnement au niveau des mastocytes depuis l'enfance et l'adolescence (un peu comme ceux que j’ai mentionné plus tôt). Mais, comme ceux-ci ne les empêchaient pas d'être fonctionnels et de mener une vie active, ces patients ont su développer des moyens pour réussir à les gérer et compenser, au point de finir par les oublier. En posant des questions plus spécifiques et en insistant un peu, on peut donc découvrir de petits problèmes de santé atypiques, bizarres, peu significatifs à la pose d'un diagnostic spécifique (et donc, souvent ignorés ou banalisés par les médecins). Si le patient se dit fonctionnel ou bien en pleine forme, le fait que toute sa cuisse au complet puisse enfler suite à la piqûre d’un simple maringouin n’est pas du tout significatif. C’est quelque chose qui peut aussi arriver à des gens en parfaite santé! Ce qui est tout à fait vrai, et même cette petite particularité bizarre peut probablement disparaître avec le temps. Tout comme j’étais hyperlaxe dans l’enfance (par exemple : je pouvais, sans problème, m’asseoir au sol, les jambes bien à plat et droites, et aller les ouvrir à un angle de 90 degrés derrière moi), mais la plupart de mes articulations ont perdu de leur flexibilité en vieillissant. Ou bien petites nodules étranges et sensibles au niveau des chevilles demeureront inexpliquées jusqu’à leur disparition. Et, une fois disparues, ni le médecin consulté pour ce problème, ni le patient ne continuera d’essayer de s’interroger sur leur origine. Donc, il arrive souvent que le patient va avoir démontré quelques petits problèmes de santé idiopathiques, dont certains sont apparus puis disparus d’eux-mêmes mystérieusement à divers moments de sa vie, qui peuvent suggérer que ses mastocytes étaient déjà plus susceptibles d’avoir des réactions exagérées dans certaines situations; ou bien encore qu’un certain processus inflammatoire systémique était déjà présent chez lui (ex : le cas d’un enfant atteint d’autisme qui développera plus tard le SAMA). Puis, lorsque le SAMA se déclare des suites d’un événement significatif déclencheur (ex : infection virale, traumatisme, forte période de stress, chirurgie, grossesse, etc.) et devient particulièrement sévère (i.e. suffisamment pour empêcher la personne atteinte de vaquer à ses occupations comme elle le faisait par le passé); si le patient se met à se plaindre de troubles et malaises multiples, affectant plusieurs systèmes, qui semblent très bizarres et complètement déconnectés les uns des autres (i.e. ne semblent pas cadrer avec une pathologie spécifique connue), on va malheureusement souvent catégoriser celui-ci comme étant un malade imaginaire, en recherche d'attention, souffrant d'un trouble psychosomatique, d'anxiété, et/ou de toute autre désordre psychiatrique pouvant venir expliquer un tel mystère. Il semble que plus les plaintes sont hétérogènes et nombreuses, plus le risque pour le patient de recevoir un diagnostic de trouble psychiatrique augmente. En particulier si le patient ne semble pas heureux ou satisfait lorsqu’on lui dit que tous les résultats de tests de laboratoire et d’examens diagnostics sont normaux chez lui, et qu’on ne trouve absolument aucune évidence de pathologie. Avec le SAMA (et autres troubles de l'activation mastocytaire), ce qu'il faut donc surtout retenir, c'est que les manifestations cliniques sont non spécifiques, peuvent affecter tous les systèmes du corps, que les tests de laboratoires et autres examens diagnostics révèlent rarement des anomalies (ou sinon, de très légères anomalies « non significatives » qui demeurent souvent dans les, ou bien très proches des, « limites de la normale »), et que la majorité des symptômes semblent un peu bizarres et difficiles à expliquer. Voici donc 2 tableaux décrivant à quoi peut ressembler le SAMA point de vue signes, symptômes, manifestations cliniques et conditions associées souvent observées chez les patients. Le profil clinique de chaque patient peut donc être vraiment très varié.
À un certain point dans ses investigations, Dr. Hyde m’a d’ailleurs surnommée sa « Mystery Girl », parce qu’on avait vraiment beaucoup de difficulté à mettre le doigt sur ce qui pouvait venir expliquer mes manifestations cliniques, symptômes, et résultats de tests. Entre autres, selon ses propres hypothèses et certains spécialistes consultés, j’avais certaines particularités communes avec la myasthénie congénitale par déficit en DOK7, j’avais des manifestations similaires à l’épilepsie frontale à crises nocturnes, j’avais certains résultats d’analyses sanguines qu’on retrouve aussi dans le lupus systémique, j’avais quelques critères du syndrome d’Ehlers-Danlos, je présentais des troubles de dysautonomie au niveau de la pression artérielle lors des tests d’efforts, et ma fréquence cardiaque augmentait significativement en passant de la position assise à debout, mais le test de table basculante utilisé pour diagnostiquer le STOP était parfaitement normal… Sinon, j’avais quelques réactions cutanées peu significatives et inexpliquées, qu’on retrouve aussi dans des cas de syndrome des antiphospholipides, vascularite, maladies des tissus conjonctifs, maladie de Behçet, thrombophilie, sans non plus répondre aux critères pour l’une d’entre elles, etc. Et certains de mes symptômes, combinés au fait que ceux-ci pouvaient être déclenchés par l’exposition à la lumière du soleil, faisaient penser à la porphyrie! Mais je ne cadrais jamais tout à fait dans le « moule » de chacun de ces syndromes et maladies. C’est un peu comme si mon corps avait décidé d’emprunter quelques petites dysfonctions appartenant à plusieurs pathologies différentes, tout en refusant de compléter le profil de l’une ou de quelques-unes d’entre elles. Pour une fille avec un TDAH qui tend à commencer 10 choses à la fois sans être capable d’en finir une seule, disons que l’ironie de la situation ne m’échappe pas du tout. Même quand je tombe malade, il semble que mon corps agit de la même façon! En fait, une des choses que je trouve tout particulièrement intéressantes avec le SAMA idiopathique, c'est qu’il ne s'agit pas d'une maladie, mais bien d'un syndrome. Tel qu’expliqué plus tôt, on sait que les mastocytes de la personnes atteintes de SAMA idiopathique sont « hyper-réactives », et qu'ils la bombarde de médiateurs chimiques; ce qui, par la suite, nous permet de faire certains liens, et d'expliquer comment l'activation mastocytaire pourrait potentiellement causer plusieurs de ces symptômes. Par contre, on ignore pourquoi les mastocytes sont aussi déréglés. Et surtout, dans combien d'autres maladies connues un tel phénomène pourrait également se produire. Dr. Afrin soupçonne qu'environ 1 personne sur 6 souffrirait d'un trouble de l'activation mastocytaire (primaire, secondaire, ou idiopathique) affectant divers systèmes (parfois un seul, parfois plusieurs), à divers degrés. Il inclue dans ce nombre plusieurs maladies et troubles de santé connus, tels que : l’épilepsie, le cancer du côlon, la malabsorption des micronutriments, la narcolepsie, la sclérodermie, le syndrome des jambes sans repos, etc., où ce phénomène est soupçonné de contribuer à la physiopathologie et à l’entretien de la chronicité de ces troubles, syndromes, et maladies. Par exemple, une étude récente de 2017 semble avoir démontré que les mastocytes seraient possiblement au cœur même du processus inflammatoire de la maladie cœliaque. Ce qui, selon moi, ferait énormément de sens! Si c’était le cas, alors cela nous permettrait probablement d'aider à résoudre le grand mystère du: pourquoi est-ce certaines personnes atteintes de maladies associées à des troubles inflammatoires (ne visant pas nécessairement la muqueuse des intestins) voient tous leurs problèmes disparaître par magie grâce à la diète sans gluten, alors que la diète sans gluten semble entièrement inefficace chez d'autres? Parce que le gluten n'est, et n'a jamais été, la cause de la maladie cœliaque. C'est l'élément déclencheur des symptômes de la maladie. Oui, c’est vrai, le gluten (en tant que facteur déclencheur d’activation mastocytaire chez des personnes ayant développé une hypersensibilité à cette protéine) pourrait tout à fait provoquer de l’inflammation de façon systémique affectant un ou bien plus d’un organe, et donc être directement mis en cause dans un large éventail de maladies impliquant un processus inflammatoire; dont l’ostéoporose, l’anémie, le lupus, l’autisme, l’arthrite, l’épilepsie, etc. On voit aussi occasionnellement des témoignages de la part de personnes diagnostiquées EM/SFC qui affirment avoir réussi à soulager un grand nombre de leurs symptômes, et/ou bien à carrément guérir de leur syndrome, en retirant le gluten de leur diète. Ou bien encore, le témoignage de parents qui ont réussi à guérir ou bien soulager l’autisme de leur enfant par la diète sans gluten également. En fait, je crois plutôt que le gluten se trouve à être une protéine à laquelle un large échantillon de la population a développé une forte intolérance. Il s'agit d’ailleurs d'un des aliments les plus souvent cités quand on demande aux personnes atteintes de mastocytose ou de SAMA la liste des aliments pouvant déclencher leurs symptômes. Donc, si on part du principe que l'autisme serait peut-être causé par un processus inflammatoire autocrine et paracrine, où l’ATP et l’ADN provenant des mitochondries des cellules mastocytaires se retrouvent dans le milieu extracellulaire, et sont attaqués par le système immunitaire (note: une des études du Dr. Theoharides en lien avec les mitochondries porte spécifiquement sur la connexion possible entre les troubles de l’activation mastocytaire et l’autisme). Alors oui, une personne dont la dégranulation mastocytaire serait activée presque exclusivement par le gluten, pourrait alors voir ses symptômes d'autisme largement soulagés en retirant le gluten de son alimentation. Dans le même ordre d’idée, si on suppose qu’un certain sous-groupe de personnes diagnostiquées EM/SFC seraient atteints de SAMA, il serait tout autant plausible que les quelques individus qui « guérissent » de l’EM/SFC en retirant le gluten de leur diète, puissent réellement avoir répondu aux critères du consensus canadien et international pour l'EM/SFC pendant tout le temps où ils consommaient du gluten. Si le gluten provoque la dégranulation mastocytaire chez eux, alors les mastocytes peuvent bombarder leur corps de leurs médiateurs, qui vont provoquer une réponse inflammatoire consommant de grandes quantités d’ATP (au point où les réserves disponibles pour l’activité physique seront rapidement épuisées), et aussi provoquer de nombreux symptômes multi-systémiques. Si on retire l'élément déclencheur de l'activation mastocytaire anormale (i.e. le gluten) de la diète, et qu'on donne à la personne quelques temps pour que le processus inflammatoire chronique se calme, alors le « syndrome de fatigue chronique », et la majeure partie des malaises associés, risquent possiblement de disparaître; ou, à tout le moins, vraiment de se calmer. Donc, pour moi, qu'il y ait des personnes convaincues que le gluten soit responsable de l'EM/SFC (et d'un grand nombre d'autres maladies chroniques immunitaires et inflammatoires), et que, si on changeait tous notre alimentation pour éviter d'en consommer, la plupart de nous ne seraient plus si épuisés et/ou souffriraient de maladies chroniques, ferait énormément de sens. Tout comme je crois à 100% que certains parents ont réussi à soulager les symptômes d'autisme ou du TDAH de leurs enfants en retirant le gluten de leur alimentation. Par contre, si un autre enfant atteint d'autisme, lui, a des mastocytes qui s'activent anormalement lorsqu'il est exposé à la lumière du soleil, à certaines odeurs, ou bien au brouhaha... Alors, on aura beau lui retirer le gluten de son alimentation, ça ne va pas du tout l'aider. Si le gluten ne déclenche pas la dégranulation mastocytaire chez lui et est une protéine qui est super bien tolérée, alors le gluten ne fait pas du tout partie du problème. Le parent qui a constaté des résultats presque miraculeux suite au retrait du gluten de la diète de son enfant risque alors d'insister que le gluten est vraiment à la source même de l'autisme, car il cause de l'inflammation systémique. Il va probablement également risquer de remettre en question la rigueur avec laquelle l'autre parent a appliqué le protocole pour la diète sans gluten (ex: s'il a bien fait attention à la contamination croisée, s'il a attendu suffisamment de temps avant de déclarer que ça ne fonctionnait pas, etc.). Alors que le parent chez qui l'enfant ne s'est pas du tout amélioré avec le changement de diète, risque plutôt d'en venir à la conclusion que, dans le fond, l'autre enfant n'a probablement jamais été réellement atteint d'autisme. Si une simple diète peut venir à bout de l’autisme, ça ne peut pas être de l’autisme! L'autre parent s'est trompé sur le diagnostic de son enfant qu’il a peut-être même auto-diagnostiqué, et ignore totalement ce dont il parle! L’un des mécanismes sous-jacents derrière la maladie demeurerait pourtant le même. Un processus inflammatoire provenant de l’activation anormale des mastocytes est possiblement impliqué, puisque l’ADN mitochondrial des mastocytes peut être libéré dans la circulation sanguine, et aurait des effets neurotoxiques sur le cerveau. Mais les facteurs déclencheurs qui entretiennent ce dysfonctionnement du système immunitaire (ex: gluten vs lumière du soleil) sont totalement différents. Et le parent qui a vu l'état de son enfant s'améliorer a fait l'erreur d'attribuer à un facteur déclencheur pseudo-allergène (le gluten) la cause de toute la maladie, plutôt que de réaliser qu'il y avait à la base un trouble immunitaire commun à ces deux enfants qui ne dépend pas exclusivement du gluten. Tout comme certaines personnes atteintes de SAMA semblent développer les mêmes symptômes que les patients atteints de la maladie cœliaque en consommant des aliments qui n'ont absolument rien à voir avec le gluten. Et certains patients atteints de maladie cœliaque vont rapporter continuer à éprouver des symptômes même après le retrait du gluten de la diète, ou bien avoir développé de nouvelles intolérances alimentaires quelques temps après le retrait de celui-ci. Un peu comme si le retrait du gluten leur faisait perdre la tolérance qu’ils avaient également développée envers d’autres aliments. Le gluten dans la maladie cœliaque est donc fort probablement seulement la petite pointe de l’iceberg. Personnellement, après avoir tenté la diète sans gluten et caséine pendant un an, et par la suite effectué une diète d'exception pour identifier mes intolérances et allergies alimentaires, j'ai découvert que le lait et les produits laitiers étaient ma source de protéines la plus sécuritaire que je pouvais consommer dans mon alimentation sans risquer de déclencher les symptômes. Sinon, le gluten était toléré sans aucun problème. Par contre, je devais me tenir très loin du soya, des légumineuses, des avocats, des noix, du chocolat, des œufs et de la viande de volaille (sauf si parfaitement cuits), des fruits crus, et d'un paquet d'autres aliments sous peine d’avoir des ballonnements, gaz, de la nausée, des vomissements, et autres malaises gastro-intestinaux, de la malabsorption, des palpitations, des tremblements, des chutes de pression artérielle, du brouillard cognitif, une augmentation de la fatigue pouvant accentuer ou bien provoquer les « crash », etc. Depuis que je reçois mes injections d'Omalizumab, tous ces aliments sont bien tolérés à nouveau, incluant ceux qui faisaient grimper mes taux d’IgE. Et, je sais, j'en suis tout à fait consciente… En supposant que les troubles de l'activation mastocytaire soient impliqués dans un si grand nombre de maladies et syndromes inexpliqués, je suis moi-même plus ou moins coupable de surgénéralisation. i.e. ce que je critique un peu les gens de faire lorsqu'ils affirment que « le gluten et les produits laitiers sont mauvais pour tous! » après avoir vu leur propre état de santé, ou bien celui de leur enfant, s'améliorer dramatiquement grâce à la diète sans gluten et/ou caséine. Sauf qu'on sait déjà que plusieurs personnes n'éprouvent aucun malaise ou symptômes lorsqu'ils consomment du gluten et des produits laitiers, et ne souffrent d’aucun trouble ou maladie inflammatoire. On sait aussi que plusieurs personnes qui font l’essai de la diète sans gluten et/ou sans caséine ne constatent absolument aucune amélioration au niveau des symptômes de leurs maladies chroniques. Et oui, je faisais attention à toute contamination croisée, et j’ai attendu un an complet avant de me résigner au fait que ma santé n’allait pas en s’améliorant, et de jeter l’éponge sur la diète sans gluten. J’étais assez désespérée pour y croire de toutes mes forces! Selon moi, sitôt qu'il y a trop d'exceptions à la règle, alors la théorie du « c'est mauvais pour tous » tombe (note: je respecte toute opinion contraire, même si je ne la partage pas. Cela vaut aussi pour l’ensemble des opinions ou théories exprimées sur ce blog). Par contre, l'hypothèse que les mastocytes puissent jouer un rôle dans diverses maladies complexes encore mal expliquées, et contribuer à entretenir leurs symptômes dans le temps (i.e. la chronicité) commence à peine à être vérifiée, étudiée, et testée. Je ne dis pas que « Eureka! On a trouvé! Tout est causé par les troubles de l'activation mastocytaire! », simplement que c'est une piste qu'il vaut peut-être la peine d'explorer, puisque justement elle ne se base pas sur un seul symptôme, ni sur un seul élément déclencheur. Et c’est peut-être un peu la beauté de la chose. « Syndrome de l’activation mastocytaire », à moins d’être monoclonal, n’est pas une maladie. Ça ne veut rien dire d’autre que « les mastocytes dégranulent, et sécrètent un surplus de médiateurs dans l’organisme ». Sauf que la mastocytose est une maladie. Et ce qu’on observe chez les patients à qui on donne le diagnostic de « syndrome d’activation mastocytaire », sont les mêmes manifestations cliniques et conditions de santé associées aux patients atteints de mastocytose. Donc, la suspicion que les mastocytes soient impliqués dans la physiopathologie de ce dont souffre le patient semble raisonnable. De plus, on peut objectivement mesurer la présence d’un surplus de médiateurs sécrétés par les mastocytes dans l’organisme. Les mastocytes étant les petites « sentinelles » et petits « chefs d’orchestre » du système immunitaire, il n’est pas non plus déraisonnable de croire que ceux-ci puissent contribuer à déclencher et entretenir l’inflammation chronique dans diverses maladies, incluant des infections virales dont le patient a de la difficulté à se remettre. L’idée qu’on puisse diminuer l’inflammation et soulager les symptômes du patient dans différentes maladies immunitaires et auto-immunes en agissant directement sur les mastocytes ne semble donc pas si loufoque que cela non plus. L’erreur, selon moi, serait de cesser d’investir dans la recherche, la prévention, la détection, et le traitement de maladies infectieuses telles que l’encéphalomyélite myalgique, sous prétexte qu’on peut peut-être agir directement sur la fatigue en manipulant les mastocytes suite à l’infection. En fait, il existe au moins un cas de SAMA idiopathique diagnostiqué EM/SFC qui n’avait pas l’EM, et qui a vu sa fatigue et sa tolérance à l’effort être soulagée par cette approche thérapeutique. Mais rien ne prouve que cela fonctionnerait également comme approche thérapeutique palliative chez des personnes ayant été infectées par un des entérovirus causant l’EM. Ce n’est pas la réponse à tout. En fait, je ne sais même pas pourquoi j’ai un SAMA. Mais, en attendant de pouvoir en comprendre plus sur ce phénomène ou bien la cause probable d’un tel syndrome, je revis! Pour moi, c’est déjà énorme. Si, un jour, Dr. Betsy Keller (ou un autre chercheur) décide de réunir une cohorte de patients avec un diagnostic d'EM/SFC, de leur faire faire une collecte d'urine des 24 heures entre le jour 1 et le jour 2 des tests d'efforts cardiovasculaires pour mesurer la présence de métabolites de l'histamine dans l'urine, et qu'on ne retrouve absolument aucune évidence d'activation mastocytaire anormale ou exagérée chez ces patients, alors je saurai que cette théorie ne tient pas du tout, et qu'on fait fausse route. D'ici-là, je suis intriguée, je me pose des questions, et je vous partage mes réflexions. Mais, à part la littérature scientifique actuellement disponible, je n'ai que très peu de réponses claires à offrir. Et mes réflexions sont bien sûr entièrement teintées par ma propre expérience avec la maladie. Permettez-vous donc de conserver votre propre regard critique, et de ne pas prendre tout le contenu de ce blog pour acquis. Si vous comprenez l’anglais, je vous encourage également à aller lire certains des ouvrages, articles, et liens qui se trouvent dans la liste de sources et de références en bas de cette page, et à faire vos propres recherches.
1 Commentaire
Jean Louis LABORIE
3/10/2018 03:39:12
Bonjour Amélie,
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